Lathuy

Le nom du village de Lathuy s'écrivait d'abord Latuwit (vers 1075) et pourrait venir des mots germaniques: laet, lète: tenancier et wyc, dérivé du latin vicus, hameau. Dans la localité on prononce Lauthu.

La commune de Lathuy est limitrophe de celles de Jodoigne (-le-Marché), de Jodoigne-Souveraine, de Dongelberg, de Piétrebais et de Melin.

Le cadastre divise le territoire de Lathuy en trois sections:


  • le Village
  • Brocuy
  • la Tour


Le village de Lathuy est bâti en majeure partie dans un vallon arrosé par le ruisseau dit de Francour, d'après le nom que l'on donne à la partie de l'agglomération située au nord-est du village. Une déclaration du doyen de Jodoigne, du 18 décembre 1704, en présentait une peinture exacte en disant que la plupart des habitations étaient situées près des communes, " qui sont toutes entrecoupées de ruisseaux, fontaines et autres décharges d'eau, qui en font un marais très difficile de passage". Quelques habitations étaient groupées le long d'un chemin à proximité de l'église et de l'école, sur la hauteur; d'autres sont rangées le long du chemin conduisant au Bois-Saint-Servais.


A l'extrémité sud-est de la commune est située Brocuy, hameau qui se prolonge sous Jodoigne-Souveraine, où il prend le nom de Petit-Brocuy. Les deux parties de ce hameau étaient situées sur des hauteurs et séparées l'une de l'autre par des prairies. Peut-être doivent-ils leur nom à leur situation: de broek, marais, et de uyt, hors, Brocuy signifierait "hors du marais". Dans la partie dépendante de Lathuy se trouve le château bâti par le Général de Beaulieu et qui appartenait fin du XIXe siècle à la famille Pastur. Quelques maisons voisines de la limite de Piétrebais dépendent du hameau de Happeau dont la majeure partie se trouve sur le territoire de Piétrebais. Il y a existé une Cense de Happeau (1730, 1767), qui a longtemps appartenu à la famille Godfroid.


Le sol de la commune est assez accidenté. Le centre du village se trouve dans une vallée qui s'ouvre vers le nord-est et qui se forme de deux dépressions venant de l'ouest. Le terrain est partout fertile, mais il est argileux à Brocuy, sablonneux à Happeau et pierreux à Francourt. Le point culminant du territoire se trouve dans le premier de ces hameaux. Le sol du territoire de Lathuy est presque entièrement recouvert de limon hesbayen. Néanmoins ils existaient au XIXe environ 25 carrières de pierres blanches (calcaire) qui s'employaient pour la bâtisse.


lathuy beaulieuTout le territoire de Lathuy appartient au bassin de l'Escaut. Les ruisseaux qui l'arrosent sont le Ruisseau d'Hussompont et celui de Brocuy. Le premier qui se jette dans le Gobertange à Saint-Remy-Geest prend sa source à Lathuy, à l'extrémité sud-ouest du centre du village, il traverse l'agglomération et sort du territoire de Lathuy par le hameau de Francourt pour entrer dans Jodoigne. Le ruisseau de Brocuy vient de Dongelberg et sépare ensuite Lathuy de Jodoigne-Souveraine. A la fin du XIXe siècle, les habitants utilisaient l'eau de plusieurs fontaines telles que la Fontaine Marianne et la Fontaine Mahaut, à Lathuy; la Fontaine Saint-Jean, à Brocuy.


lathuy-dreve-de-beaulieuAu XIXe, il existait à Lathuy une fabrique de sucre de betteraves, qui avait été établie par Mr Eugène Raeymaekers, en vertu d'une autorisation en date du 4 mai 1864. Les bâtiments se trouvaient à l'extrémité nord-est du village. Ils étaient formés de fours à calciner les os et à revivifier le charbon animal, une machine à vapeur, à haute pression, de la force de 20 chevaux, et 3 chaudières à vapeur fonctionnant à la pression de 4 atmosphères. Cette usine appartenait à la fin du siècle dernier à Mrs Paillet et Raeymaeckers et donnait du travail à 110 ouvriers et à 40 ouvrières. Un certain nombre d'habitants s'occupaient alors de la taille des pierres blanches ou émigraient pendant une partie de l'année pour exercer cette profession. Deux brasseries avaient terminé leurs activités fin XIXe. La Brasserie Lood comportait une distillerie et était située au centre de la commune. L'autre, la Brasserie Pastur, faisait partie du hameau de Brocuy.


A la limite de Lathuy vers Jodoigne, à quelques mètres au nord de l'ancienne chemin de Wavre à Jodoigne, il existait un monticule qui était jadis surmonté d'un peuplier du pays et qui portait le nom de Gros Tienne; c'était peut-être les restes d'un ancien tumulus. Lathuy paraît avoir été habité de bonne heure. Le nom du village semble indiquer que les lètes[...] francs y ont été cantonnés. La majeure partie du village appartenait à des corporations religieuses telles que le chapitre [assemblée de religieux, de chanoines réunis pour délibérer de leurs affaires] de Nivelles, de Saint-Servais à Maastricht, de Saint-Barthélémy à Liège. Longtemps les ducs de Brabant tentèrent de diminuer la puissance et l'influence des ces religieux sur le village de Lathuy et ses ressources financières.


Pendant la révolution brabançonne [...] et lors de l'invasion française [...], en 1794, Lathuy fut le théâtre de graves désordres. Le général de Beaulieu [...], enfant du village, mais serviteur dévoué de l'Autriche, avait fait construire un château à Brocuy; des patriotes fougueux ayant menacé de le piller, le général Vander Mersch [...] ordonna au capitaine Seresia, qui commandait à Tirlemont, d'envoyer un détachement pour maintenir l'ordre à Jodoigne. Mais le département de la guerre, où dominaient des idées bien différentes de l'esprit de modération qui animait le général, enjoignit à Seresia de rappeler sa troupe à Tirlemont, et le château fut bientôt envahi et livré au pillage. A peine Beaulieu avait-il réparé ce désastre que son habitation fut livrée aux flammes. Le général français Dubois, que Beaulieu avait chassé de Bouillon l'année précédente, faisait partie de l'armée qui envahit le Brabant après la bataille de Fleurus [...]. Pour se venger de sa défaite, ou, selon d'autres, pour punir le général autrichien des actes de barbarie que ses soldats avaient commis à Bouillon, il fit, dit-on, remplir le château de bois, auquel on mit le feu.


L'église Saint-Martin de Lathuy était une église entière, qui fut comprise dans le concile ou doyenné de Jodoigne à toutes les époques. Elle était à la collation [la collation confère à quelqu'un un titre , un bénéfice ecclésiastique...] du chapitre de Nivelles et jadis elle étendait sa juridiction au spirituel sur Piétrebais, qui fut érigé en paroisse distincte en l'année 1180. En 1635 l'église subit un incendie provoqué par les troupes françaises. Le 17 mai 1666 une visite épiscopale suscita de nouveaux travaux de restauration jugés urgent par les autorités. Il tombait fréquemment des pierres du portail au grand péril des passants, la nef était sale, le toit laissait la pluie passer dans les murs qui pourrissaient, la tour manquait à la fois de charpente et de couverture... Les guerres du temps de Louis XIV ne purent qu'accroître cet état désastreux; cependant on s'occupa en 1674, de la réparation de la tour et du choeur; en 1688, de la couverture de la tour; en 1700 et 1732, de la restauration de toute l'église.


Pendant le règne de Marie-Thérèse [...] un long procès s'engagea entre la communauté de Lathuy et le chapitre de Nivelles au sujet de l'église du village. En 1769, les habitants avaient représenté sans succès, aux chanoinesses de Sainte-Gertrude, que cet édifice ne pouvait contenir les deux tiers de population. Ils auraient désiré un temple nouveau, ou du moins une nef nouvelle. D'après les renseignements fournis à cette occasion par l'architecte Dewez, choisi par le Chapitre comme expert, on peut juger de l'ancienneté de l'église. Elle se composait d'une tour s'élevant en tête de la nef, d'une nef, d'un transept, bordée, vers la droite, par un collatéral; d'un choeur, à gauche duquel se trouvaient la chapelle de la Vierge et la sacristie. Les fonts baptismaux occupaient la partie inférieure de la tour et la porte d'entrée s'ouvrait au bas de l'unique collatéral [nef latérale d'une église.] Il y avait peu de fenêtres pour éclairer le sanctuaire.L'architecte Dewez estimait la construction d'une nouvelle église non nécessaire: le beffroi se trouvait en bon état, de même que les murs, la charpente de la nef et du clocher; le plafonnage était d'excellente qualité. L'autel était remarquable pour un village. Dewez proposa simplement d'élever une chapelle à droite du choeur pour faire pendant à la chapelle de la Vierge, ce qui aurait permis de placer, dans le temple, 451 personnes au lieu de 345. Ce plan fut agréé par le Conseil de Brabant, mais les habitants réclamèrent toujours une nouvelle église. Les travaux furent effectués en 1773. En 1789 la contestation se ranima, l'église était très délabrée, la tour caduque. Après bien des discussions, un accord se conclut entre le chapitre et la communauté, le 19 avril 1792. On adopta un plan fourni par l'architecte Wincqz. Le nouvel édifice fut achevé en 1794.


Le choeur qui est formé de deux travées et se termine par un mur plat. La sacristie est placée latéralement au choeur. La nef est divisée en quatre travées, une cinquième est occupée par un portail au-dessus duquel s'élève une tour carrée. Les murs sont en briques avec anglées en pierres blanches, le choeur est pavé de pierres grises et bleues, venant de Golzinne, la nef de carreaux de pierres blanches. Outre le maître-autel, qui est en bois de chêne bien sculpté et provient de l'abbaye de la Ramée, il y a deux autels latéraux, dédiés à la Vierge et à Saint-Joseph et qui datent de 1858. On vénérait à Lathuy, comme patron secondaire, saint Hubert, dont le pèlerinage y est assez suivi.

L'église est précédée d'un bel escalier, restauré fin 1994, et dans le cimetière on voit plusieurs monuments funéraires dont un surmonte le caveau de la famille Pastur. Il y a à Lathuy plusieurs chapelles: celle de Francourt, celle Sainte-Geneviève, appelée autrefois de Cricourt.