Mélin

On pourrait croire que la commune de Mélin a emprunté son nom de ce qu'elle était jadis un lieu où se tenait des assemblées judiciaires ou "mâls" (Mallum), mais on rencontre dans les actes des formes bien différentes comme "Meylen"...

La commune de Mélin est limitrophe de celles de Beauvechain, de L'Ecluse, de Geest-Saint-Remy, de Jodoigne, de Lathuy et de Piétrebais et Tourinne. Le cadastre de 1817 divise le territoire de Mélin en cinq sections:

  • la Justice
  • Gobertange
  • le Village
  • Bois de Mélin
  • Sart-Mélin


Le village de Mélin occupe une hauteur au pied de laquelle le Gobertange prend sa source. L'agglomération offre un aspect assez imposant grâce à quelques grandes et vieilles fermes. Le territoire de Mélin ne présente, dans sa vaste étendue, que des campagnes légèrement accidentées, sauf, vers le sud-est, où les vallons sont plus encaissés. On trouve en abondance, au hameau de Gobertange un calcaire qui sert à la construction et au pavage, la fameuse Pierre de Gobertange.

Tout le territoire de Mélin appartient au bassin de l'Escaut; les ruisseaux qui l'arrosent sont le Gobertange, le Chebais et le Ruisseau de la Fontaine Brondel. Les habitants utilisaient l'eau des fontaines Mahotte, du Renard et du Prêcheur. Vers 1488, Guillaume de Fontaines fit bâtir dans sa seigneurie de Mélin un moulin à vent, qui resta bientôt abandonné par suite des guerres qui désolèrent le pays et la pauvreté générale qui en fut la suite. Plus tard, on le réédifia et on y joignit un moulin à huile mû par des chevaux et une batterie de chanvre. Fin du XIXe siècle, ce moulin de Gobertange appartenait à la famille Robiano.

Il a existé à Mélin plusieurs brasseries, et même un atelier de peignage du lin.

Le village de Mélin s'est formé à une époque très ancienne, à l'endroit où le chemin de Jodoigne à Louvain traverse le ruisseau de Gobertange. Des sépultures antiques ont dû exister un peu plus vers le nord, en un endroit longtemps appelé le Champ de la Tombe. On retrouva en 1834 une tombe mérovingienne sur le penchant d'une colline à Gobertange. Au XIIIe siècle, Mélin était un domaine des ducs de Brabant.

Le village souffrit considérablement des guerres civiles de la fin du XVe siècle, puis se releva pendant le règne de Charles Quint, mais fut à nouveau dévasté pendant les guerres de religion. Le seigneur, Thierry Bouton, ayant adhéré à la rebellion contre l'Espagne, la seigneurie fut mise sous séquestre par ordre du duc d'Albe. Le même mois de 1568, les troupes du Prince d'Orange vinrent camper autour de Jodoigne et pillèrent Mélin.


En 1689, le village de Mélin consistait en un grand nombre de belles "censes" et de maisons de manoeuvriers. Mélin fut complètement rasé par l'armée française du Roi Louis XIV conduite par le Marquis de Boufflers. Mélin fut ainsi saccagé à plusieurs reprises par les différentes armées qui traversèrent la Belgique. La révolution brabançonne secoua elle aussi le petit village. Longtemps les querelles entre les deux parties en guerre secouèrent la vie villageoise. Le village de Mélin formait dans le Brabant wallon une mairie particulière, dont elle constituait à la fois le chef-lieu et la seule dépendance. Quelquefois on le rattachait à Jodoigne. Depuis la révolution française, il a constamment ressorti du canton de Jodoigne.

Au 12e siècle, on mentionne des chevaliers de Melin et, entre autres, Ségard de Melin, qui, antérieurement aux années 1177 et 1180, donna à l'abbaye de Villers, pour la tenir à charge d'un cens annuel, une partie de son fief.

Une autre partie du village appartenait aux Hodeberge ou Hodebierge, qui formaient sans doute une branche de la famille des seigneurs d'Huldenberg près de Bruxelles.

Ce fut le duc Jean Ier qui, en 1284, transforma le village de Melin en une seigneurie particulière au profit d'un fils de Waleran, duc de Limbourg, et d'Ermesinde, comtesse de Luxembourg, Gérard de Luxembourg, sire de Durbuy.


Les biens du seigneur de Melin furent confisqués par Philippe II, en 1568, à cause de son adhésion à la ligue des gentilshommes contre les placards du roi d'Espagne. Sa veuve récupéra ses terres suite au traité de paix conclu entre les Etats généraux et le Prince d'Orange. Ses filles reprirent les terres de Melin à leur compte. Une d'elles épousa Jean de Cordova, capitaine d'une compagnie de lances au service des archiducs Albert et Isabelle, puis conseiller de guerre et maître de camp dans le Milanais. Ils eurent un fils, Don Juan, qui, n'ayant pas de descendant, légua ses terres à ses neveux. Mais bientôt par des achats entre les différentes parties, les terres de Melin furent à nouveau réunies. Le domaine de Melin était considéré comme un des plus considérables et des plus avantagés du pays; à la fin du 19e siècle, il avait encore une grande valeur. Au siècle dernier, il existait un beau château orné de plusieurs tours, embelli de jardins magnifiques et qui, après avoir été brûlé par accident (probablement en 1736, lorsqu'on dut renouveler la charpente du corps de logis de la grande cense du seigneur), fut rétabli vers l'année 1760. C'est la grande ferme voisine du cimetière, dont on remarque encore les vastes bâtiments et dont une aile brûla à nouveau fin du 19e. C'est ce qu'on appelait la Grande Cense du Seigneur.

Outre la seigneurie de Melin, il y avait, dans ce village, un autre fief très important, que l'on appelait primitivement le bien "Au-Bois" et qui comprenait, outre un manoir, des terres limitées par le bois de Melin et par le bois de Beauvechain.


L'église Notre-Dame de la Visitation a successivement ressorti du doyenné de Melin et au doyenné de Tirlemont. Après le concordat, elle devint une succursale de l'église Saint-Médard, de Jodoigne. Actuellement elle est toujours comprise dans le doyenné de Jodoigne. La paroisse a la même étendue que la commune, mais ce ne fut pas toujours le cas. Elle s'étendait auparavant sur la ferme de Wahenge et 5 autres maisons du village de L'Ecluse.La collation appartenait à plusieurs abbayes et curés. Selon certaines traditions, l'ancienne église de Melin, avec ses 5 autels, ses absides, ses tableaux et ses nombreuses statues était une des plus belles des environs.


En 1543, le seigneur du village, converti à la religion réformée, incendia le temple et brûla les registres de la cure qu'il fit vendre. L'église actuelle connut plusieurs restaurations et modifications. En 1648, les abbayes de la Ramée et de Florival financèrent de concert avec la fabrique d'église locale la réparation de la toiture. En 1759 et 1760, l'ancien temple avait été agrandi et l'on y avait dépensé plus de 2.200 florins, mais les habitants réclamèrent ensuite sur son état de vétusté. La construction du nouvel édifice commença en 1777, tous les décimateurs participèrent à son financement. Il fut terminé en 1780. Construit d'après les plans de l'architecte Jaumotte, l'église consiste en un choeur de deux travées et une triple nef de cinq travées, dont les bas-côtés s'arrondissent pour englober la tour. Cette dernière qui est carrée et surmontée d'un clocher hexagonal, s'élève du milieu de la façade, qui a été restaurée en pierres de Gobertange en 1839, suite au tremblement de terre de 1828 [...]. Elle est éclairée, dans la partie moyenne, par des oculus, et dans la partie supérieure, par des fenêtres cintrées. A l'intérieur de cette tour on lit la date 1780. La nef est séparée des bas-côtés par deux rangs de colonnes cylindriques qui supportent des arcs en plein-cintre; comme le choeur, elle est recouverte d'un plafond dont les côtés dessinent une courbe; un simple plafond recouvre les bas-côtés. Le choeur et la travée qui précède sont lambrissés en bois de chêne, orné de sculptures. Outre le maître-autel qui est dédié à Notre-Dame du Rosaire, il y a deux autels latéraux consacrés, l'un à la vierge, l'autre à saint Joseph. Une toile de 1870 attribuée au peintre Herbo surmonte le maître-autel. On peut également remarquer une chaire de vérité Louis XV et un important mobilier Louis XVI, confessionnaux, lambris...).