Piétrain

Le nom de Piétrain a une origine identique à celle du nom de Piètrebais, qui, d'après Tarlier et Wauters, dériverait de "piètre": petit, médiocre et de "hein" ou "heim" qui signifie habitation.

Le village se divise en trois sections ou hameaux: Piétrain, Piétremeau et Herbais.


Le sol de Piétrain est généralement plat et peu accidenté; il est presque partout argileux et sec et sa fertilité est grande. Le limon hesbayen couvre presque toute la surface du sol.

Tout le territoire de Piétrain appartient au bassin de l'Escaut; les cours d'eau qui l'arrosent portent les noms de Ruisseaux de Piétrain et d'Herbais.

On a découvert de nombreuses traces d'occupation ancienne sur le territoire de Piétrain, tombes romaines, ... Ce qui atteste de son existence à l'époque romaine.

Au treizième siècle, les trois hameaux de la commune apparaissent simultanément, chacun ayant une chapelle dépendant de la paroisse de Marilles et formant une petite juridiction: Piétrain compris dans la baronnie de Jauche, Piétremeau et Herbais ne reconnaissaient d'autre seigneur que le Duc de Brabant.


Au mois d'octobre 1568, Piétrain fut complètement pillé par les troupes du Prince d'Orange. Pierre de Brandebourg, à qui appartenait le château de Herbais et celui de Golart (sous Noduwez), ayant assisté à l'assemblée de Saint-Trond, signé le compromis des nobles et siégé dans le conseil des révoltés, avait été, le 21 février 1567-1568, banni à perpétuité, avec confiscation de ses biens, et, comme conséquence de cette sentence, arrêt avait été mis sur ses biens d'Herbais, le 10 août suivant.


En 1747, pendant que les Français occupaient les Pays-Bas autrichiens, Piétrain fut obligé de fournir à l'armée ennemie un milicien. Le village s'accorda pour cet objet, avec le berger Jean-Joseph Mohimont, de Perwez, qui s'engagea à servir pendant 6 ans, à la condition qu'on lui donnerait 15 écus par an, qu'on entretiendrait, aux frais du village, son troupeau de 40 têtes, et qu'il lui serait payé 15 écus, à titre d'engagement, par les jeunes hommes, de 18 à 40 ans. Cet accord fut approuvé par tous les membres de la communauté qui, au nombre de 24 (y compris Mohimont et une femme), le signèrent et, au nombre de 11, y apposèrent leurs marques ou croix.

Lorsque les Français s'emparèrent de la Belgique en 1794, Piétrain, Piétremeau et Herbais furent réunis en une seule commune.


Organisation administrative et judiciaire. Les trois villages qui composent la commune de Piétrain dépendaient jadis de la mairie de Geest-Saint-Jean; réunis en l'an III, ils n'ont plus, depuis été séparés du canton de Jodoigne.

Comme juridiction, ils formaient deux fractions nettement tranchées.: Piétrain dépendait de la baronnie de Jauche, et Herbais et Piétremeau du Duc de Brabant.


Les seigneurs ou barons de Jauche avaient à Piétrain, Herbais et Piétremeau le droit de lever la dîme. Droits qu'ils abandonnèrent aux différents propriétaires du domaine de Piétrain qui allaient se succéder.

Parmi ceux-ci, le chevalier Henri de Quaderebbe qui allait céder son nom à un échevinage. Les terres de Piétrain furent longtemps aliénées à d'autres propriétés de leurs seigneurs.

Quant au château d'Herbais dont les derniers vestiges furent détruit fin du XIXe siècle, il était situé au sud de la chapelle du hameau.

Quelques d'Herbais...


Simon V, seigneur d'Herbais, fut nommé par le duc Philippe de Bourgogne conseiller de Brabant, au traitement annuel de 210 livres. Son petit-fils, Simon, se montra le sujet dévoué de Maximilien d'Autriche.


Jacques d'Herbais, commandeur de l'ordre de Saint-Jacques joua un grand rôle sous le règne de Charles Quint, qui le nomma l'un de ses gentilshommes et lui donna l'ordre de Saint-Jacques de Calatrava. En 1537, il fut chargé de se rendre aux Pays-Bas pour s'assurer des véritables projets du roi de France sur nos provinces.

Le village de Piétrain fut longtemps compris dans la paroisse de Marilles, à laquelle ressortissaient les trois chapelles qui existaient dès le XIIIe siècle à Piétrain, Piétremeau et Herbais. Les fidèles devaient se rendre à l'église de Marilles. En 1608, suite à la noyade noyé dans le ruisseau Herbais grossi par un orage, il fut décidé de créer une véritable église à Piétrain, mais le curé ne fut pas subsidié. Ce qui provoqua de nombreuses querelles administratives.

 

Vers l'année 1760, les habitants de Piétrain et Piétremeau réclamèrent une église plus spacieuse et plus convenable et une allocation pour le curé. Les religieuses de l'Abbaye de La Ramée, principales décimatrices, refusèrent d'abord cette proposition, mais en 1764, une enquête ayant été ouverte, le monastère fut forcé de construire une nouvelle église et une nouvelle cure et de payer un supplément d'allocation au prêtre.

La collation (le bénéfice ecclésiastique) de l'église Sainte-Gertrude appartenait à l'abbaye de la Ramée.


L'église Sainte-Gertrude fut construite en 1768, on y arrive par un escalier construit en 1847. L'édifice n'a qu'une nef formant un rectangle dont les angles sont arrondis. Cette nef se compose de trois travées et est éclairée par six fenêtres en plein-cintre (dont la courbure est un demi-cercle); le choeur reçoit le jour par quatre fenêtres semblables et se termine par un mur plat. L'église est construite en briques, sauf le soubassement et les chaînes d'angles sont en pierres blanches, les encadrements de portes, de fenêtres, etc. en pierres bleues.

 

La chapelle d'Herbais

La chapelle d'Herbais est restée debout et est intéressante à tous les points de vue. Dès l'année 1263, on mentionne un prêtre à Herbais nommé Bone.


L'oratoire a été bâti vers l'an 1200, et Tarlier et Wauters supposent hardiment qu'elle le fut sur le modèle de Saint-Médard à Jodoigne. Il consiste en une nef et un choeur, bâtis avec de grand grès, très durs qui proviennent de l'ancien bois de Marilles. La nef qui reçoit le jour par quatre fenêtres cintrées, deux de chaque côté, était jadis éclairée par de petites baies en nombre double, profondes, hautes, étroites, décrivant une ogive peu sensible et qui toutes ont été murées. Le choeur consiste en une travée et une abside (Extrémité d'une église, derrière le choeur lorsqu'elle est arrondie en hémicycle) à trois pans, dans lesquelles sont pratiquées cinq fenêtres ogivales, en lancette (arc en tiers-point surhaussé, ressemblant à un fer de lance.); elles sont séparées, à l'extérieur, par des contre forts, avec colonnettes supportant la corniche du toit, dans le genre de ceux que l'on voit à Saint-Médard. A l'intérieur du choeur on remarque des vestiges curieux appartenant à la construction primitive de la chapelle, notamment des chapiteaux qui, sans doute, supportaient jadis les retombées des voûtes, et deux petits bas-reliefs.

Devant l'autel latéral de gauche ou de la Vierge on remarque une pierre tumulaire offrant la représentation d'un homme et d'une femme et une inscription dont on ne peut plus lire que ce fragment "Henemans de He....(Herbais ?)"; à en juger par le style des détails de ce petit monument, il doit être à peu près contemporain de la fondation de l'édifice. L'autel de droite est dédié à sainte Catherine.

Le cimetière où l'on n'a pas cessé d'enterrer les habitants du hameau, a été entouré d'un mur, en 1862.