Zétrud-Lumay

La commune de Zétrud-Lumay, dont la majeure partie constituait jadis une enclave du comté de Namur au milieu du Brabant, ou du moins une terre contestée, était, selon Tarlier et Wauters, une des communes des plus importantes de l'arron-dissement de Louvain, grâce à la fertilité de son territoire et à sa situation favorable entre Tirlemont et Jodoigne.

La limite territoriale de Zétrud-Lumay marque également la frontière linguistique entre les communautés francophone et néerlandophone de la Belgique.

Longtemps, les deux hameaux qui constituent la commune se disputèrent l'honneur de désigner l'ensemble du territoire, Zétrud disputant cet honneur avec Lumay.

Le 20 novembre 1816, l'administration du cadastre partagea le territoire de Zétrud-Lumay en six sections:

  • Mont-à-Lumay
  • Lumay
  • Zétrud
  • Vinsdelle
  • Autgaerden
  • Chapeauveau


Zétrud-Lumay constitue une agglomération peu considérable, traversée par la route de Tirlemont à Saint-Michel (Glimes). Outre le château de la famille d'Astier, l'église paroissiale et la chapelle Notre-Dame de Bon-Secours, on y voit quelques belles habitations. L'établissement de la ligne de chemin de fer reliant Jodoigne à Tirlemont diminua l'animation qui caractérisait le village, la suppression de ce moyen de transport en commun rendit à la route de Tirlemont son trafic important, la proximité de l'autoroute de Liège à Bruxelles en décupla encore la fréquence.

Le sol de la commune est assez accidenté. Les prairies avoisinant la Gette sont presque partout bordées d'arbres de haute futaie. Le sous-sol est formé des terrains d'alluvions, recouvert par le limon hesbayen. La commune est arrosée par la Grande Gette et le Ruisseau de Genville. La Grande Gette traverse du sud au nord le territoire qu'elle divise en deux parties. A Lumay, elle activait un moulin à eau par une chute qui à 0,43 mètre d'élévation. Le Ruisseau de Genville qu'on appelle aussi le Gobertange, vient de Saint-Remy-Geest et après un cours de peu d'étendue se réunit à la Grande Gette en amont du moulin.


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Le moulin de Lumay était un moulin à farine mû par une roue hydraulique de la force de 10 chevaux et dont le radier est établi au niveau de 54 mètres 32. Cette "usine" (Tarlier et Wauters) a toujours appartenu aux seigneurs du village. En 1753, Jean-Baptiste de Diest, qui affermait le moulin, prétendit que le moulin est insuffisant et qu'en cas de manque d'eau les villageois devaient conduire leurs grains à une lieue et demi de distance, à Heylissem ou à Hoegaarden. Le gouvernement autrichien l'autorisa à construire à Zétrud-Lumay, un moulin à vent. Mais cette construction ne s'éleva pas ou disparut très vite, car en 1780, la concession accordée fut supprimée.

Au début du 19e siècle, on comptait sept brasseries et 5 genièvreries à Zétrud-Lumay et à Autgaerden (Outgaarden). Toutes ces usines se sont successivement fermées.

 

Il y a eut plusieurs tumulus sur le territoire de la commune de Zétrud-Lumay. Actuellement tout vestige a disparu.

On a prétendu que le nom de Lumay proviendrait de celui des Pleumosiens, une tribu gauloise citée par César parmi celles qui étaient sujettes de la nation nervienne. Tarlier et Wauters estiment que cette hypothèse ne repose que sur une ressemblance assez vague et donc trop faible pour être discutée.

Les seigneurs de Zétrud avaient de grands domaines et comptaient de nombreux vassaux. L'un d'eux, René de Zétrud, qui vivait au commencement du XIIe siècle, fonda l'abbaye d'Heylissem. Son frère Gérard, qui avait pris l'habit monastique, fut d'abord abbé de Florennes, puis entra dans l'ordre de Citeaux.

Le village formait une grande seigneurie, relevant en fief des comtes de Namur, qui avaient possédé ou revendiqué tout le territoire avoisinant. Les ducs de Brabant étaient seigneurs à Autgaerden, dans deux enclaves dont l'une englobait l'église et les habitations adjacentes.

A la fin du XIIe siècle, Zétrud-Lumay fut reconnu comme partie du Duché de Brabant. Des échevins de la commune étaient souvent de langue flamande.

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Les troubles du XVIe siècle furent l'occasion des mêmes désastres pour Zétrud-Lumay que pour les localités voisines. En 1625 l'église d'Autgaerden (Outgaarden) était encore remplie d'objets que les habitants y avaient réfugiés et, en 1634, on y avait converti le cimetière en redoute (Endroit fortifié...).

Zétrud-Lumay souffrit considérablement de l'invasion franco-hollandaise de 1635.

De nombreuses contestations au sujet du paiement des impôts et du prélèvement de ceux-ci par l'une ou l'autre autorité perturbèrent l'histoire de la localité.

Au commencement du XVIIIe siècle, Zétrud-Lumay connut les mêmes avatars. En 1704, l'armée des deux couronnes (France et Espagne) pillèrent les campagnes de Zétrud de manière à n'y laisser qu'un peu de blé de mars. En 1706, après avoir vu ses champs dévastéspar l'armée des deux couronnes, lorsqu'elle occupa Gossoncourt le 21 et 22 mai, la commune souffrit énormément des suites de la bataille de Ramillies. Une partie des Français, en fuyant, et les alliés, en les poursuivant, abîmèrent les grains, pillèrent l'église de Zétrud et presque toutes les maisons et enlevèrent le bétail et encore plus de chevaux. En 1707, les prairies et jardinages reçurent fréquemment la visite des soldats alliés qui campèrent à Hougaerde pendant dix semaines. Les récoltes de 1708 à 1710 furent, elles, victimes des conditions atmosphériques ou de la prolifération des souris.

La querelle administrative entre le Comté de Namur et le Brabant quant au village de Zétrud-Lumay secoua à de nombreuses reprises les instances locales. Le 5 février 1785, un décret des gouverneurs généraux attribua au conseil de Namur le ressort du village de Zétrud-Lumay. Le magistrat de Louvain fut interdit d'y exercer des actes de juridiction.

Les villageois se querellaient également avec leur seigneur à propos des prairies dites le Broeck. En 1786, le gouvernement avait fait défendre d'introduire avant le 1er août du bétail dans les prairies banales; à Zétrud-Lumay on refusa de se conformer à cet ordre et les habitants introduisirent leurs vaches dans le Broeck, à l'instigation d'un des échevins nommé Henri Nys. Ils prétendirent qu'ils avaient un droit de propriété sur ces prairies.

Le 7 juillet le procureur général de Namur se rendit à Zétrud avec un adjoint et un huissier et requit le maire, le sergent et une patrouille de 6 hommes de le suivre. Il trouva en effet plus de 200 vaches dans les pâtures, mais il n'y avait pas moyen de les séquestrer toutes, à cause de leur nombre. Une assemblée fut convoquée à la maison échevinale, où les habitants se répandirent en protestations et réclamations. Le procureur-général, craignant des violences, se retira après avoir constaté l'état des choses. L'accord du 9 juin 1791 essaya de mettre fin à cette contestation. On reconnut aux habitants le droit de faire entrer leur bétail dans le Broeck dès la Saint-Jean, mais ils durent renoncer à celui de l'y introduire du côté de Zétrud, là où les prairies banales touchaient de deux côtés à celles du seigneur.

Deux incendies ont ravagé la commune au XIXème siècle: le 15 octobre 1828, les flammes y détruisirent trois maisons; le 22 octobre 1861, le feu y consuma, à Lumay, trois fermes et leurs dépendances, sept maisons et plusieurs granges et étables.


L'église de Zétrud-Lumay

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L'église de Zétrud fut réparée vers l'année 1650. En 1666, elle se trouvait en bon état, sauf que le plafond était endommagé en quelques endroits, le pavement incomplet, la sacristie découverte et menaçant ruine, le mur du cimetière très détérioré. Les deux autels qu'on voyait dans la nef étaient fort pauvres et gênants. Le temple, devenant tout à fait caduque et insuffisant, on insista auprès des décimateurs pour qu'il fût reconstruit. Jean-Joseph Gilson entreprit ce travail pour la somme de 6000 florins (1er décembre 1760), dont les deux tiers furent payés par l'abbaye du Parc-les-Dames et le tiers restant par l'abbaye de la Ramée. C'est de ce temps que date le temple actuel, sauf qu'il a été soigneusement réparé en 1872 et qu'en 1860 on en a agrandi la sacristie, en vertu d'un arrêté royal en date du 29 décembre 1858. C'est un vaisseau sans caractère, composé d'une nef de quatre travées, avec bas-côtés, d'un vaste croisillon de deux travées et d'un choeur également de deux travées et terminée par une abside à trois pans.

Des fenêtres en cintre surbaissé éclairent l'église, qui est recouverte par un plafond. Le millésime 1762, placé sur le montant de la porte, indique l'époque de l'achèvement des travaux. La tour seule, qui se trouve en tête de la nef est plus ancienne. A l'intérieur on ne remarque aucun objet d'art. Seulement les fonts baptismaux sont très vieux; quatre têtes sculptées en décorent la cuve, qui est en pierre bleue. L’ornementation de l'église ne présente rien de particulier.



On croit que l'ancien château a existé dans les prairies voisines de la Gette, à l'endroit dit le Parc ou le Grand Parc, mais cette opinion n'est basée que sur une découverte d'antiquités, qui a été faite en cet endroit vers 1856 ou 1857.

Le manoir actuel est situé à front de la grand route de Tirlemont, à côté de l'église. Le bâtiment principal a été reconstruit en 1842; il présente une façade percée de neuf fenêtres à l'étage; la porte d'entrée est ornée des armoiries des d'Astier et des de Waha. Des dépendances occupent les côtés de la cour, qui est clôturée par un mur.